J’avoue, je suis faible… surtout avec le champagne. Bon, ma faiblesse a des limites, il faut que le champagne soit bon. Mais après, je ne réponds plus de rien. Jusqu’à danser sur les tables comme Karen Blixen, en vieille dame indigne, sisi.
J’avais fait une foccacia pour l’apéritif, dans laquelle je n’étais pas allée de main morte pour le romarin, le piment d’Espelette et l’huile d’olive corsée. C’est allé parfaitement. La rondeur du Dom Caudron a apprécié le parmesan, et sa fraîcheur a alimenté les arômes camphrés du romarin tout en hydratant le piment d’Espelette. Une bonne alliance. Très gourmande.
Je t’ai déjà parlé de cette maison… Dom Caudron, cette coopérative de la Vallée de la Marne où les vignerons entretiennent la tradition du Pinot Meunier sur sols argilo-calcaires et argilo-sableux. Je ne te dirais jamais assez comme j’aime ce cépage minoritaire mais si précieux dans le roi des vins. Il lui donne son intensité, sa floraison, et parfois son indécision. Il serait comme moi, fille d’air, gémeaux, et surtout printanier (je suis née en mai). J’aime le Pinot Meunier parce qu’il a un nez très puissant, de fleurs blanches et de tubéreuses. En bouche, il est frais à l’attaque puis se prolonge en rondeur sur des fruits tels que la pêche blanche ou la pomme gourmande. C’est un vin qui est également élégant dans sa couleur. Il brille, il éclate même, sans verdeur. Il est à la fois mature et jeune dans son comportement.
Sur le Dom Caudron, la fraîcheur et le fruité est au rendez-vous. Le nez est généreux et attise la gourmandise. C’est un joli bouquet de camélias, une pointe d’aubépines, un sentier montant d’épineux en fleur qui te porte à presser le pas de bonheur. En bouche, de la fleur blanche, une petite pointe d’acacia qui se mielle au-fur-et-à-mesure de la dégustation, et le juteux d’une pêche blanche qui désaltère. Un peu d’acidité clinquante: la pomme verte n’est pas très loin, mais sans agressivité.
On sent également la vieille vigne de ce 100% Pinot Meunier. Cela donne un fond un peu vineux et toasté au vin, sans contrebalancer la fraîcheur et la jeunesse de ce jus. Un très beau champagne, plein de complexité qui a magnifiquement supporté notre foccacia et le parmesan auquel nous l’avons confronté. A servir tout au long d’un repas fin, ou aux saveurs plus méridionales.
Foccacia piment d’Espelette et romarin
Ingrédients
- 650 g farine de blé T80
- 2 c. à café sel
- 1 sachet levure de boulanger déshydratée
- 300 ml eau tiède
- 10 cl huile d'olive + 5cl pour la finition
- 2 branches romarin
- 1 c. à café piment d’Espelette
- 1 c. à soupe semoule de blé dur fine
Instructions
- Mélanger la levure et une peu d’eau tiède. Quand elle est complètement fondue, ajouter deux cuillères à soupe de farine, mélanger la pâte jusqu’à ce qu’elle soit bien élastique. Laisser reposer 15 minutes.
- Verser la farine dans un robot muni d’un crochet ou sur un plan de travail. Ajouter le sel sur un côte, le recouvrir sans mélanger, d’un peu de farine. Faire un puits. Verser le pâton à la levure au centre du puits, puis peu à peu l’eau et l’huile tout en pétrissant.
- Pétrir 5 minutes au robot, 10 à la main, jusqu’à ce que la pâte ne colle plus. Au besoin, ajouter un peu de farine (mes proportions sont faites pour un temps sec).
- Former une boule, couvrir d’un linge humide, laisser lever 2 heures.
- Reprendre la pâte et l’aplatir pour en dégorger tout le gaz. La former en un grand rectangle. Huile une plaque allant au four, saupoudrer de semoule de blé fine. Déposer la pâte et l’aplatir jusqu’à ce qu’elle touche les coins. Couvrir du linge, laisser reposer 40 minutes.
- Laver le romarin l’effeuiller. Badigeonner la pâte d’huile sans appuyer car elle doit être bien gonflée. Puis former avec vos doigts des encoches sur la pâte: 5 doigts, ben tendus, et on fait des trous sans aller jusqu’à la plaque. Parsemer de romarin et de piment d’Espelette.
- Cuire le tout au plus bas du four pendant 15 minutes.
- Déguster chaud.