Chaque année, je vais célébrer les pommes de terre de Noirmoutier… sur l’île de Noirmoutier, que ce soit les Bonnottes (en atelier), la Lady Christ’l (en création de nouvelles pommes de terre) ou encore la Sirtema (en alliance terre mer). Cette année, la Coopérative s’était associée avec Alexandre Couillon pour nous offrir un magnifique atelier de saveurs puis un déjeuner tout autant merveilleux à la table d’Alexandre Couillon, à la Marine.
Alexandre Couillon est un chef du bonheur: originaire de Vieil et de L’Épine, de parents marin pêcheur et couturière, il a vécu outre-mer (à Dakar) jusqu’à 7 ans. Après une école hôtelière à Noirmoutier même (elle a disparu depuis malheureusement) où il rencontre son épouse (la très charmante Céline), il commence alors un parcours atypique. Alors que beaucoup courent les étoiles et les postes de cuisine prestigieux pour se faire une carrière, Alexandre Couillon fait les Compagnons du Devoir. Un passage à Nantes à l’Atlantide de Lecoutre, et il revient sur son île auprès du chef charismatique de la Bretagne, Monsieur Penot, à la fois féru de beaux arts, écrivain à ses heures tout en lui donnant les clefs d’une certaine liberté et d’une philosophie de travail indépendante et proche de l’art. Un petit passage chez Guérard, autre grand monsieur du produit et de la sincérité chevillée à la conviction, et il ouvre la Marine.
La Marine, de dehors, s’intègre totalement dans le paysage de petit port de pêche de l’Herbaudière. Pas de chichi, pas de bling, pas d’annonce tapageuse. C’est après s’être glissé par la porte du jardin que tu découvres la diversité du lieu, le jeu des espaces qu’ont construit au fur-et-à-mesure Alexandre et Céline Couillon: vaste cuisine fonctionnelle, petite arrière cours aux allures de table d’hôtes, joli jardin breton aux fleurs et et aux arbres fruitiers gourmands, belle terrasse jouant entre soleil et voile protectrice. Un atelier tout neuf que nous inaugurons pour échanger entre cuisine et délices de la table. Une future sale en pierre, lovée au creux d’une cheminée et bordée d’un salon lumineux pour recevoir les hôtes en groupes… et enfin, la salle de restaurant, inouïe de modernité et de design doux, aux couleurs contrastées de blancs et de noirs.
C’est à l’image de la cuisine d’Alexandre Couillon: entre modernité et tradition, les deux se nourrissant l’un l’autre de leur richesse et de leur créativité.
Notre atelier autour de la pomme de terre fut un parcours de surprises et d’étonnements: Alexandre cultive son jardin en terre, avec 4 hectares de légumes, de nombreuses fleurs et herbes savoureuses. Il cultive également sa pêche en mer, associé avec de petits pêcheurs de l’Herbaudière qui lui rapportent le meilleur de leurs filets. Belle cuisine très riche des trois piliers de Noirmoutier: l’huître, la pomme de terre et le sel. Riche également d’un sentiment d’aboutissement, d’assise et de complétude.
L’an dernier, Alexandre Couillon s’est cassé le poignet gauche: il perd 80% de sa main, est arrêté 6 mois. Il le dit lui-même: cela lui a fait relativiser les choses. Sa réflexion s’est portée sur cette maison et ce qu’il voulait en faire. Plutôt qu’un restaurant étoilé posé au milieu d’une destination touristique, il a voulu en faire une destination à part entière, une expérience complète avec une vie au sein de la cuisine: des chambres se construisent, l’atelier de cuisine tout neuf est un premier pas, l’échange avec des chefs s’installe peu à peu. La volonté surtout de connaitre ceux qui ont envie de venir, de leur faire vivre des étincelles et pas forcément des étoiles qui font le buzz.
Quand tu es blogueuse, tu es plutôt ouverte aux choses, et en tout cas, tu es avide de découvrir. J’ai pourtant rarement vu une cuisine comme celle d’Alexandre Couillon, aussi précise dans l’alliance des saveurs, aussi belle en matières et en couleurs, et aussi naturelle pourtant, aussi simple.
Le suivre en cuisine, le regarder travailler est un bonheur: il est gourmand, ne pouvant s’empêcher de goûter la petite herbe, de picorer dans le bol, et de te tendre la sauce que tu reluques en salivant. Cela lui a valu des fous rires devant l’armée de blogueuses rivées à leur appareil. Cela nous a valu une matinée de joie et d’émerveillement:
Merci grandement à Françoise Landais d’avoir organisé tout cela, à la Coopérative La Noirmoutier de nous avoir permis de vivre ce moment inoubliable et à Alexandre et Céline Couillon (et à leur équipe) de nous avoir si bien reçu !
Demain, notre déjeuner.