Comment tenir les baguettes chinoises?

La tenue des baguettes chinoises nous paraît parfois, à nous occidentaux, délicate. Mais il suffit de suivre la technique pour se rendre compte qu’elle est simple et surtout très pratique pour beaucoup de choses. Dans le prolongement des doigts.

Je mange chinois depuis que je suis toute petite. J’ai en partie grandi dans un quartier chinois. Pas le 13ème arrondissement de Paris (j’y ai pourtant vécu, mais avant même que la première boutique chinoise ne s’ouvre avenue de Choisy!). Non, j’ai été élevée dans le plus ancien quartier chinois de Paris, celui qui se trouve coincé entre la rue au Maire et la rue Chapon. Dans le 3ème arrondissement. A l’époque, les rues étaient consacrées à la fabrication du cuir (tanneries, sacs, etc.) Or les chinois, qui étaient installés là depuis le début du siècle, étaient passés maîtres en la matière. Ma rue avait d’ailleurs un nom en rapport à cette industrie: la rue des Gravilliers (les gravilliers sont une teinture de cuir).

Ici, j’exagère le mouvement pour que tu comprennes bien:
-1. poser une baguette dans le creux du pouce et de l’index, les deux doigts formant comme une pince.
-2. Saisir la seconde baguette comme un crayon entre la pointe du pouce, de l’index et reposant sur le majeur.

Pourtant, ce n’est pas à ce moment-là que j’ai appris à manier les baguettes. Même si je mangeais déjà avec des baguettes, je les tenais mal et je ne progressais pas. J’ai du attendre l’âge de 40ans pour savoir parfaitement les tenir!

J’étais en voyage au Vietnam. Et là, ce fut un chauffeur de taxi qui me montra. J’avais 5 heures de taxi à tirer et une faim de loup car il était plus de minuit! J’avais voyagé toute la journée et il m’apparaissait que le chauffeur ne pensait pas du tout que je n’avais pas mangé depuis le matin. J’ai eu un mal fou à ce qu’il m’arrête dans un stand au bord de la route (il y en plein) pour me restaurer. Il avait peur que cela ne soit pas assez bien pour un touriste occidental. Et moi, je salivais complètement devant les petites échopes de Phô qui jalonnaient notre route. Quand il s’est enfin arrêté, j’ai commandé une soupe au boeuf et aux nouilles. J’ai commencé à déguster ma Phô (on dit “feu”, ça aussi je l’ai compris alors…), il s’est mis à rire. J’ai mis un moment à saisir pourquoi. Il ne parlait pas vraiment français ni anglais. Mais à force de gestes, il m’a fait comprendre que je m’y prenais comme un pied, et qu’il se foutait de moi!

On a ri ensemble…  Alors, patiemment, il m’a pris les doigts et me les a placés correctement. Je me suis entraînée. Et peu à peu je me suis bien débrouillée. Depuis, je peux manger n’importe quoi avec des baguettes, même des spaghetti boulettes. J’ai même chopé l’élégance chinoise de les tenir très hautes, qui me faisait tant admirer une des serveuses de mon ami Chen…

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