
Il n’y a pas à dire, le statut de blogueuse culinaire donne parfois de ces avantages gourmands qui ne sont pas négligeables… Les agences de com’ l’ont d’ailleurs bien compris, elles qui nous sollicitent régulièrement pour essayer, rencontrer et recevoir. Dans la gamme “recevoir”, l’agence Le Dire et le Goût (que j’avais rencontrée sur l’atelier Mandar) m’envoie un bon produit: l’emmental Grand Cru. J’ai reçu il y a quelques jours, une magnifique coupe crémière d’une meule d’hiver, blanche ivoire, crémeuse et douce au palais… Des notes chaudes en bouche qui m’auraient incitée plutôt au repas de l’âtre (une fondue, un gratin de pommes de terre) mais qui m’a tout de même inspirée par une météo radieuse.

J’ai un passé avec l’emmental, un passé presque douloureux et tendre à la fois. Quand j’étais toute petite, j’habitais dans les derniers monts de l’Oise à Breuil-le-Sec. Et j’étais le parfait petit garçon manqué de ce village collé à la forêt de Clermont. A l’époque (1970), Breuil-le-Sec n’était pas construit comme maintenant, je pouvais y gambader avec mes copines (Michèle, Isabelle) et faire des bêtises à la pelle 😉 Parmi ces bêtises, j’avais un soir “oublié” de rentrer. C’était mon père qui me gardait, et on avait annoncé un fugitif dangereux de passage dans la région. Quand je suis rentrée enfin, papa extrêmement inquiet, me gronde copieusement… Or c’était le début de la télévision généralisée et j’avais regardé chez une de mes copines, des feuilletons dramatiques où des dames jouaient la grande scène du 3. J’ai donc joué une grande scène à mon père (je devais avoir 5 ans à tout cassé!) et puisqu’il m’envoyait dans ma chambre sans manger, j’y montai mourir (en le disant bien sûr).
J’ai beaucoup pleuré dans mon lit, j’ai tapé dans mon oreiller, j’ai embrassé la girafe que j’avais dessinée au mur pour me consoler et j’ai éteins la lumière pour bouder en m’endormant. Quelle ne fut pas ma surprise une heure plus tard de voir mon père ouvrir timidement la porte, me demander de lui pardonner et de me donner en offrande un morceau d’emmenthal, du pain et un verre de lait. Ce fut l’un des meilleurs repas de mon enfance: ma consolation, sa tendresse et ce goût d’emmental.
Depuis, je déguste l’emmental avec délectation, dans la grande tradition de ma famille paternelle, avec de la confiture…

Voilà, j’en reviens au présent. Avec le morceau d’emmental, il y avait deux livrets publiés par les Éditions de l’Épure que j’aime tant. Un fascicule sur l’emmental Grand Cru, 10 façons d’en parler et un autre sur l’Emmental Grand Cru, 10 façons de la préparer, par Valéry Drouet (Valéry que je retrouverai bientôt lors du festival littérature et cuisine au Château de Bonaguil, fin octobre).

Teriyaki de boeuf à l’emmental
Ingrédients
Pour les brochettes de teriyaki :
- 24 tranches carpaccio de boeuf
- 100 g emmental
- sel
- 1 c. à soupe huile d'olive
Pour la marinade des teriyaki :
- 2 c. à café sirop d'érable
- 1 c. à café sauce soja légère
- 2 c. à café Worcestershire Sauce
- 1 pincée piment d’Espelette
- 1 c. à café huile d'olive
Instructions
Préparer les brochettes de teriyaki :
- Couper l'emmenthal en 12 bâtons de 1/2cm de côté et 10 cm de longueur.
- Assembler les tranches de carpaccio deux à deux.
- Piquer un pic apéro dans la longueur du fromage et enrouler deux tranches de carpaccio autour.
Mariner les teriyaki :
- Mélanger les ingrédients de la marinade.
- Arroser les teriyaki de cette marinade. Laisser reposer 20 minutes.
- Huiler une plaque de plancha ou une poêle antiadhésive avec un papier absorbant.
- Dorer de chaque côté les teriyaki. Ils sont prêts quand le fromage commence à fronde. Servir aussitôt.
Tu as raté ta carrière Anne, tu a l’étoffe d’une vraie tragédienne ! Ton père sera sûrement d’accord avec moi sur ce point ! Bon cela dit la toque de cuisinière ne te va pas mal non plus, voire même très bien et ces brochettes m’ont l’air succulent !
c’est touchant, les drames et les tristesses de l’enfance sont toujours les plus grandes, les plus fortes…
@Flo: oui, je compte me reconvertir sur le tard 😉 Merci pour le compliment.
@Isa: c’est en tout cas l’un de mes souvenirs les plus marquant, et comme par hasard, lié à la nourriture… Freud,ou ptêt Lacan pour ce coup là, quand tu nous tient!!!
Plus encore que ta recette (quoique j’aime beaucoup l’idée) j’adore ton histoire… si je comprends bien, ton père s’était totalement laissé embobiner… quel talent! Et qu’a-t-il pensé de la girafe dessinée sur le mur?
Le château de Bonaguil ? Enfin quelque chose qui se passe près de chez moi. Mais c’est quand au juste ce festival littérature et cuisine ? Il n’y a pas cette info sur l’agenda du site.
Ce fromage, c’est l’équivalent des conserve Maîté. C’est meilleur que le steak purée de la cantoche mais bon… Il faut goûté les bon comme Masson.
@Mamina: j’avais le droit de dessiner sur les murs, quand j’étais petite, on repeignait tous les ans!
@Valérie: le we de la Toussaint.
@Julhesparis: on ne compare que ce qui est comparable 😉
je les préfère avec du beaufort, en tant que Savoyarde c’est normal. je les sers avec une bonne polenta et le tour est joué après une bonne journée de ski
@Mamina: je reconnais là ta gourmandise invétérée!