Les vins du Domaine Courbis, vallée du Rhône

Syrah sur vigne Domaine Courbis 1

Je t’avais promis de revenir sur les vins du Domaine Courbis lors de mon reportage sur l’Ardèche Plein Coeur. J’y reviens donc, avec la dégustation que Dominique, l’un des deux frères propriétaires de ce domaine, nous a offerte sur place.

Le Domaine Courbis est assez emblématique de ces domaines qui ont évolué au fil des conditions économiques de la région.

Le nez dans les fûts Domaine Courbis 1

Le vignoble Courbis était enchâssé dans une propriété de vergers au temps où les les vins de qualité des coteaux se vendaient au même prix que les hybrides de la plaine. C’étaient les années 50, et les Courbis faisaient de l’abricot et de la vigne à vin, mais sans plus . En 1960, le père décide de replanter de façon plus systématique en coteaux. Jusqu’en 1980-1990, les abricots de la région marchaient bien, cela a permis de soutenir la relance de la vigne à vin. Mais le prix des fruits baisse dès 1991 et le domaine se consacre pleinement à la vigne. Si le père des frères Courbis n’avait pas été un précurseur dans sa replante des vignes, le virage aurait été plus problématique. Mais il ne le fut pas. Le père s’est installé en tant que viticulteur en 1988, et il est rejoint par les deux frères à partir de 1993.

Domaine Courbis Remontage 1

Le domaine a commencé par du Croze-Hermitage et du St Peray, pour aujourd’hui offrir  une carte essentiellement composée de Saint-Joseph et de Cornas. Le Croze-Hermitage reste d’actualité ainsi qu’un mono-cépage de Syrah. Mais c’est sur les Saint-Joseph et les Cornas que nous nous sommes penchés.

St Joseph Les Royes Domaine Courbis 1

Les vignobles de Cornas s’étendent sur 150 hectares. La Syrah qui le compose aime les sols pauvres, et il est assez flatté par l’arène granitique qui compose le vignoble. Sec, à l’abri du vent, bien ensoleillé, le sol donne au vin de Cornas une force et une puissance assise sur un palais assez tannique. Les Cornas sont des vins généralement travaillés à la main avec une main d’œuvre à l’année. Les coteaux demandent un effort, les machines ne passeraient pas. Cela donne donc des vins assez onéreux. Entre 25 et 35€ départ propriété. Même s’ils sont parfois considérés comme un produit de luxe, les Cornas sont des vins rares, avec une obligation de l’AOC de limiter le rendement à 42 hectolitres par hectare.

La tendance sur ces vignobles est d’aller vers un travail des vignes différent, largement influencé par le bio et la bio-dynamie. Cela va dans le sens d’une plus grande qualité des vins et de belles surprises pour des vins moins connus que leur grand frère le Saint-Joseph.

saint-joseph-rouge

Au Domaine Courbis, le Cornas se décline sur trois cuvées: Champelrose, Les Eygats et la Sabarotte. J’ai pu apprécier le Cornas Les Eygats 2012, un vin aux tanins présents, trop jeune pour la dégustation pour l’instant, épais cependant, avec beaucoup de mâche, et une fraîcheur atypique pour ce vin (il faut le garder pour qu’il s’exprime). La cuvée La Sabarotte a par contre tout de suite conquis mes papilles: elle a une sacrée matière, très soyeuse, avec des arômes de cassis confit. J’ai adoré ce vin, et je vais sûrement m’en faire une petite réserve de bonheur malgré son prix: 48€ départ propriété.

Le vignoble du Saint-Joseph s’étend sur 26 communes, sur une longue bande de 50 kilomètres et se compose de 900 hectares. Il commence beaucoup plus au nord dans la vallée du Rhône que le petit terroir que nous avons visité autour de Chateaubourg. Mais même si l’appellation tire son nom d’une commune au-dessus de Tournon, le Saint-Joseph des frères Courbis m’a cueillie… La Syrah s’exprime de façon caractéristique dans le Saint Joseph 2012, aux arômes de cassis et de poivre blanc, sur des tanins bien présents, avec une finale pailleuse et fumée (20% de l’élevage se fait en barriques). La Cuvée des Royes est quant à elle tout en velours: les tanins deviennent soyeux, la mûre est très présente, voire confite, et elle s’ouvre en une pointe d’amande amère (Cuvée Saint-Joseph Les Royes, 2012). Une très belle cuvée a un prix raisonnable encore (26€).

J’ai également goûté le Saint-Jospeh blanc: l’AOC 2013 est sur la poire fraîche (il y a 3% de Roussane qui pointe bien son nez à l’attaque), puis s’épanouit dans le gras, avec des arômes de pain grillé. Il va pouvoir vieillir harmonieusement. La Cuvée Les Royes est beaucoup plus fleurie quant à elle, elle n’est composée que de Marsanne et cela se sent à son nez aux fines senteurs de tilleul et de miel. C’est un vin particulièrement fin et à la belle minéralité.

Tu peux commander les vins directement à la propriété ou les trouver sur Paris aux Galeries Lafayette.

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